Le Chemin Idéal
« J’ai toujours pensé que vivre entouré de beauté était un choix important pour l’équilibre psychique et l’évolution personnelle. Or, c’est bien l’un des rôles des œuvres d’art que de contribuer à la beauté ; de rayonner sur ceux qui les côtoient et, à leur insu même, de leur apporter du bien-être. Les plus belles villes du monde ne sont-elles pas celles où s’épanouit l’art ? Et notamment l’art de la statuaire : Paris, Venise, Florence, Prague, Londres… C’est bien dans l’esprit de cette quête de la beauté qu’en 1992 j’avais implanté dans ce parc – alors que 2 œuvres s’y trouvaient déjà depuis 1990 – une sculpture qui allait provoquer le déclic : L’Estate – L’Été du sculpteur italien Maurizio D’Agostini.
Enchanté par cette première expérience, j’en installai alors une autre, puis une autre, etc… Mais bientôt, cette démarche se colora spontanément d’un sens plus profond. J’eus l’idée de diviser ce rectangle de terre d’un demi hectare qui constitue mon parc, en trois espaces se succédant, chacun étant chargé d’un sens symbolique.
Le premier, qui commence à L’Os à Moelle, vers le portail d’entrée dans la partie la plus basse du terrain, et qui va jusqu’à la sculpture Quo Vadis, serait consacré à la nature, aux choses simples, terrestres. On y trouverait des grottes, des animaux… Mais on pourrait le voir aussi comme un lieu dédié à l’enfance et à la jeunesse.
L’espace suivant, situé entre le mur de la piscine et celui du cimetière, serait consacré à la pensée créatrice : la poésie, la philosophie, la démarche intellectuelle et intuitive. Mais on pourrait le voir aussi comme l’espace de l’âge mûr et de la raison.
Le troisième et dernier espace, sur la partie la plus haute côté ouest, entre la piscine et la haie, se rapporterait symboliquement à la spiritualité ; on pourrait également le voir comme étant celui du grand âge.
Toutes les œuvres installées s’inscriraient dans la logique de ces trois espaces dont elles renforceraient le sens symbolique. C’est alors qu’une autre idée s’imposa : tracer matériellement sur le sol un chemin de pierre qui conduise de la première œuvre à la dernière du troisième espace, La Source, en traversant successivement chacune des trois aires ; pour tout dire, un chemin à caractère initiatique. Au-delà – mais cette idée n’interviendra que beaucoup plus tard – s’ouvrirait une quatrième aire qualifiée de cosmologique où seraient évoqués les saisons, les points cardinaux, l’heure solaire etc, suivie d’une cinquième autour de la maison d’habitation, qui serait simplement d’agrément. »
Léo Gantelet