Envers d’un décor
Le poète et le peintre, chacun à son rythme, chacun en son propre cheminement, se sont imprégnés de la puissance d’un décor, ont ressenti la dramatisation de chaque geste, devant ou derrière cette paroi fragile. À chaque représentation, le comédien en franchira la frontière. Et pourtant, qu’elle s’effectue dans un sens, puis dans l’autre, répétée, rapide ou lente, chaque traversée ne durera jamais qu’une fraction de seconde. Qui peut jurer, à chaque instant, avoir été profondément en accord avec la position tenue, devant ou derrière ?
Spectateur d’un jour, nous franchissons notre propre décor intime, comme on déchire la mince peau d’un visage hermétique, pour que s’émeuve notre imaginaire et que nous soyons acteur de demain ; en rêvant… d’une vie où tout décor serait superflu.
Mots et couleurs évoquent les mêmes émotions, les mêmes méditations, sans chercher à s’illustrer mutuellement ; chaque peinture est un autre poème, chaque poème est une autre peinture.
© Éditions Lapeyronie