Il était incongru de parler de vérité ou d’authenticité lorsqu’on évoquait le chanteur à texte des années 50 ou 60. Brassens, Brel, Ferré ou Gainsbourg, pour ne citer qu’eux, nous chantaient leur quête, tout en affirmant leur style. Et l’un n’était pas une copie de l’autre.
Conséquence indirecte de la mondialisation, le goût s’uniformise et, par voie de conséquence, les médias aussi. Faire entendre une voix authentique dans ce flux banalisé procède d’un véritable tour de force où la chance prend aujourd’hui une place excessive. C’est dans ce contexte difficile que Pierre Tourniaire essaye de faire entendre ses chansons (écoutez-le fustiger avec humour les mots sucés des chansons consensuelles d’aujourd’hui dans J’détonne).
Ce chanteur refuse la pensée liftée et policée que la bien-pensance artistique apporte dans nos salons douillets et confortables. Mais loin d’être un chanteur engagé, comme on l’entendait dans les années soixante, Pierre Tourniaire est avant tout un poète. C’est ensuite un musicien doué d’un sens remarquable de la mélodie. ses chansons nous disent que la nature est belle, que la vie est fragile, que l’enfance est sacrée, que l’amour peut s’effriter si l’on n’y prend garde, que l’être n’est pas toujours humain. Pierre Tourniaire nous dit tout ce qui le heurte, tout ce qui le hante, tout ce qui l’aide à vivre et qui doit nous y aider.