Michel Desorbay

Michel Desorbay fut l’un de ces hommes qui, après quatre ans de guerre et de contraintes, répondit sans délai à l’appel de la liberté. À dix-sept ans, il s’inscrit au Club Alpin de Lyon et, rapidement se tourne vers la haute montagne. Il fit de belles courses dont deux « premières » en face nord.

Les grands espaces l’attirent. Il expérimente le froid polaire en traversant la Laponie en hiver – moins 42 degrés C. – et, en 1952, il organise une expédition au Spitzberg. Un raid de 600 kms en terre inconnue pour atteindre l’extrême nord de l’ìle, au-delà du 80ème parallèle. Ces trois mois d’isolement, d’absence complète de communication et de secours éventuels ne seraient pas envisagés de nos jours. Il écrit le récit de cette aventure : Spitzberg publié aux éditions France – Empire.

L’année suivante, il est en Himalaya avec Claude Kogan. Sous le sommet du Nun Kun, encordé à Ang Tharkay, le sirdar de l’Annapurna, il est emporté par une avalanche. Blessé, il doit s’éloigner de la montagne. Il écrit alors Visage de l’Inde publié chez René Julliard dans une collection dirigée par Paul Emile Victor, puis La Paroi, roman himalayen, également chez René Julliard.

Les années passant, après un retour à la montagne plus discret, il s’oriente vers une recherche personnelle où prend place l’Inde connue sur le chemin de l’Himalaya.

L’aventure extérieure n’a pas cessé – volcans, jungle, déserts –, elle s’accorde à l’aventure intérieure. Les deux voies s’approfondissent, c’est à leur point de rencontre que Michel Desorbay écrit Les Hauts Lieux, paru aux éditions de Belledonne.

Regard nouveau, profond, sur la relation de la montagne et de l’homme. La passion de l’altitude prend dans ce livre sa signification, révèle sa source et sa raison. Les critiques ont unanimement reconnu la qualité des Hauts Lieux, distingué par trois prix littéraires dont le Grand Prix du Livre de Montagne.

Les Pierres d’Angle est le dernier ouvrage de Michel Desorbay – également publié aux éditions de Belledonne. Ce livre décrit, à part égale, ce que vit physiquement et intérieurement une cordée engagée dans une course très difficile et parallèlement – sujet rarement traité – la tension, l’inquiétude grandissantes éprouvées par les femmes qui, en bas, attendent alors que les jours passent. Ce sujet, profondément humain, a permis à l’auteur d’exprimer son expérience et sa sensibilité avec la qualité d’écriture et la capacité d’évocation qui lui sont reconnus.

 Alpiniste, himalayiste, grand voyageur, Michel Desorbay a connu les chaussures à clous et les cordes de chanvre. Il a aussi connu les grandes aventures et s’il a su grimper, il sait aussi écrire. À vingt ans, il publiait son premier reportage dans l’Illustration. Il compose actuellement son sixième livre.

Ce qu’il nous dit dans ses ouvrages est particulier, né d’un regard intérieur. La haute montagne, sa beauté, sa force, sa rigueur sont là. Mais au fond de l’homme qui vit en elle ses plus grands jours que se passe-t-il ? Quel est en lui, au sein de l’action, l’impact des enthousiasmes et des menaces incluses dans le jeu de l’altitude ? Qu’en reste-t-il, non dans les souvenirs mais dans le cœur tout au fond ?

Les traces laissées ont des conséquences et la lumière qu’elles apportent est ineffaçable.

Un critique a qualifié Michel Desorbay de visiteur d’âmes. Il est naturel qu’il ait rencontré La Grande Neige et Fabienne Clauss, son auteur.